Les idées les plus simples sont souvent les meilleures. Cest ce que sest dit Marc Parent, linventeur dune éolienne à double usage: produire de leau douce, et, si le vent est suffisant, de lélectricité.
Il lui aura fallu dix ans pour passer de lidée aux prototypes. Installé dans le garage de ses parents, dans les Alpes, ce quadragénaire a breveté puis peaufiné son engin qui, selon ses dires, permet aujourdhui de récolter entre 70 et 200 litres deau par jour, sans une goutte de pluie, puisque léolienne condense lhumidité de lair ambiant.
Léolienne de Marc Parent est en quelque sorte un frigo qui fonctionnerait en permanence la porte ouverte: au contact dune paroi froide, lhumidité de lair ambiant se condense, et leau coule vers un réservoir. Une unité frigorifique est installée dans la nacelle de léolienne qui lui fournit le courant. Leau condensée par lunité de froid coule à travers un filtre à lintérieur du mât-réservoir qui porte le rotor et sa nacelle. Une batterie rechargée par léolienne permet de récupérer de leau quand le vent faiblit. Et si celle-ci produit plus de courant que nécessaire, elle peut alimenter une installation électrique (maison, atelier, etc.). Dans une région où lair est sec le jour et humide la nuit par exemple, léolienne alterne entre production délectricité et deau.
Interrogé par le quotidien La Provence (édition du 8 octobre), Marc Parent explique quil est désormais en contact avec des sociétés américaines et indiennes pour la production en série de son invention. Son brevet a été publié à léchelle internationale en juin 2007. Linventeur travaille à la mise au point dun prototype plus grand, capable de produire mille litres deau par jour. Autrement dit, de quoi assurer les besoins vitaux en eau de 25 personnes. Reste à savoir à quel prix. Car lassociation dune éolienne, dun groupe frigorifique et dune batterie risque de ne pas être à la portée de toutes les bourses. Le brevet ne donne aucune indication de la quantité dénergie nécessaire pour produire chaque litre deau. Mais dans certaines régions arides, notamment en bord de mer, le procédé de Marc Parent pourrait constituer une alternative aux usines de dessalement, des usines coûteuses, voraces en énergie, et qui rejettent une saumure menaçante à la longue pour les écosystèmes.
La place faite à linventeur français dans les médias français ces derniers jours devrait au passage permettre de braquer les projecteurs sur des organismes comme Opur, une association française qui travaille depuis dix ans à la mise au point déquipements passifs pour collecter la rosée. Filets à brouillards, toitures à rosée, éolienne à condensation La panoplie doutils pour piéger la précieuse vapeur deau de notre air sagrandit.